Vous avez peut-être remarqué que le premier pli qu'on est invité à faire est déterminé de manière approximative : Mickaël Launey indique qu'il faut plier de manière à "laisser un petit coin en haut", avec un "petit triangle qui fait à peu près cette dimension-là". Ce petit "coin de dépassement" est important, car c'est lui qui permettra d'emboîter de manière solide les deux modules (les "clipser" efficacement).
Mais où devrait-on plier exactement pour que le tétraèdre soit vraiment régulier ? La question est plutôt mathématique que pratique, car vous vous en doutez, les imprécisions de pliage rendent impossible une construction exacte en pratique. Elle peut quand même nous aider à comprendre quel format approximatif il faut choisir pour les deux cartons : pourquoi le format du ticket de métro convient-il bien, contrairement au format A4, par exemple.
C'est ce à quoi nous vous proposons de réfléchir ici...
Analyse mathématique du pliage
Retour sur le pliage
Le pliage d'un des deux modules à assembler peut être décrit de la manière suivante :- Soit un rectangle ABCD.De quelles dimensions ? C'est ce qu'on souhaite déterminer...
- Plier selon EF, avec E\in[AB] et F\in[CD]. Ce pli envoie B en B' et C en C'.Quelle est la position exacte de ce pli ? C'est ce qu'on souhaite déterminer.
- Nommer I l'intersection de AE et de C'F.
- Marquer les plis IF et EI.
- Déplier. Nommer J le point symétrique de I par rapport à EF.
Des triangles isocèles
Montrons d'abord que, quelle que soit la position du pli EF (en gardant un pli qui permet de construire les triangles IEF et JEF, tout de même), le triangle JEF (et donc aussi IEF) est isocèle.- Les angles \widehat{JFE} et \widehat{IFE} ont même amplitude par construction (une superposition, ils sont images l'un de l'autre par la symétrie d'axe EF).
- De même, les angles \widehat{JEF} et \widehat{IEF} ont même amplitude.
- Les angles \widehat{JFE} et \widehat{IEF} sont alternes-internes déterminés par deux droites parallèles AB et CD. Ils ont donc même amplitude.
- Par transitivité, |\widehat{JEF}|=|\widehat{JFE}|, ce qui signifie que le triangle JEF est isocèle de sommet J.
Condition sur les angles pour que les triangles soient équilatéraux
On peut tout d'abord affirmer que le triangle isocèle JEF sera équilatéral si et seulement si le pli EF forme un angle de 60° avec les côtés AB et CD. (Cela se justifie par exemple par la somme des amplitudes des angles d'un triangle.)Condition sur les longueurs pour que les triangles soient équilatéraux
On peut vouloir aussi déterminer une condition sur les longueurs, de manière entre autres à choisir des formats de papier adaptés au pliage considéré.Supposons donc que JEF est équilatéral et observons la figure ci-dessous.
- Soit H\in[FJ] le pied de la hauteur de JEF. Comme JEF est équilatéral, ses droites remarquables sont confondues. Donc, H est le milieu de [JF].
- En outre, comme JEF est équilatéral, |JF|=|JE|. Par transitivité, on a donc |JE|=2|JH|.
- Dans le triangle rectangle JHE, la relation de Pythagore s'écrit |JH|^2+|EH|^2=|JE|^2.
- En prenant |JE|=2|JH|, on trouve |EH|=\sqrt{3}|JH|.
En conclusion
Avec les notations du dessin, pour que les triangles JEF et IEF soient équilatéraux, il faut prendre |AB|\ge|JL|=3|JH| \quad \text{ et } \quad |AD|=|EH|=\sqrt{3}|JH|.La feuille ABCD doit donc respecter la relation \boxed{|AB|\ge\sqrt{3} |AD|.}
(Pour avoir le dépassement permettant de "clipser" les modules, l'inégalité doit être stricte.)
En pratique, la longueur du rectangle doit être environ du double de sa largeur. Le ticket de métro (de Lille) que j'ai sous la main mesure 6,6 cm sur 3 cm et convient bien. Par contre, avec un format A4, on a |AB|=\sqrt{2}|AD|<\sqrt{3}|AD|, ce qui ne convient pas.
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